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M. Alain BOSDECHER, professeur au
Lycée Simone Weil du PUY (43000), nous a autorisés à reproduire pour
les collègues de notre académie les propositions que l'on
peut lire ci-dessous.
AIDE INDIVIDUALISEE EN FRANÇAIS
Quelques exemples d’activités…
A- Capacités transversales. Source : document
des IPR de l’Académie de Rouen, Jean-Marie Haillant et Jean-Pierre Menotti.
A1 – " Aide à l'apprentissage des leçons
Beaucoup d'élèves de seconde apprennent leurs leçons sans
pour autant réussir leurs épreuves de contrôle. Bien souvent, ils se
contentent d'apprendre par coeur sans être capables de réinvestir pour
répondre à des questions qui les surprennent. Quand on mène ce travail avec
les élèves, il n'est pas rare de constater, par exemple, que certains d'entre
eux n'apprennent pas le titre des chapitres, des parties d'un cours, ils
apprennent un contenu non structuré !
Un programme de travail sur ce thème pourrait par exemple
suivre les étapes suivantes :
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Diagnostic des méthodes erronées (première
séance) : l'élève renseigne une fiche d'évaluation puis le
professeur, au cours d'un entretien, analyse les renseignements fournis par
cette fiche pour faire apparaître les défauts de l'élève dans
l'apprentissage des leçons. Selon le nombre et la nature de ces défauts,
le plan de travail sera plus ou moins long. Autre façon de procéder :
le professeur observe l'élève au travail et remplit lui-même la fiche,
... |
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Étude des conditions dans lesquelles l'élève apprend ses
leçons, entretien pour faire émerger ce qu'il y a à améliorer ou à
corriger (seconde séance). |
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Travail sur la mémoire auditive, visuelle ou concrète
de façon à ce que l'élève choisisse les modes d'apprentissage qui lui
conviennent le mieux (troisième séance). |
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Entraînement à l'apprentissage des leçons (cette
phase peut couvrir plusieurs semaines) :
1. Travail de structuration des connaissances (après une première
lecture, l'élève étudie les titres, les mots clés, les faits importants,
les définitions, puis s'entretient avec le professeur);
2. Travail sur les perspectives d'apprentissage des leçons :
l'élève doit imaginer les questions qui lui seront éventuellement posées
et les contextes qui l'amèneront à réutiliser ses connaissances. Ainsi
apprend-il à se projeter dans l'avenir pour apprendre ses leçons,
condition nécessaire à un bon apprentissage de connaissances
nouvelles. |
A2 - Aide aux
préparations, à la recherche d'exercices
L'aide individualisée peut avoir pour but
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d'apprendre à l'élève à affronter la difficulté, |
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de mettre en place des stratégies d'essais et erreurs, |
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de le mettre en confiance. |
On peut imaginer le scénario suivant en français :
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L'élève fait sa préparation à la maison et l'apporte pour
la séance d'aide individualisée. |
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Il expose au professeur les difficultés rencontrées et
la façon dont il a essayé de les résoudre. Les questions qui n'ont pas
obtenu de réponse sont étudiées avec le professeur qui aide l'élève à
trouver lui-même de nouvelles pistes. Éventuellement, il amène l'élève
à se rendre compte qu'il se fourvoie, à prendre conscience du travail
qu'il effectue, à maîtriser ses démarches. |
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En classe entière, le professeur pourra valoriser
l'élève en lui donnant l'occasion de mettre en oeuvre les compétences
acquises en aide individualisée. |
A3 - Aide à la gestion du
temps
Beaucoup d'élèves arrivant en seconde sont surpris par la
quantité de travail personnel qui leur est demandée ainsi que par la
grande autonomie qu'on exige d'eux. Certains d'entre eux ne parviennent
pas à s'organiser, à gérer leur temps. Le tout début d'année peut être
l'occasion d'aider les plus démunis à s'organiser, sans pour autant y
consacrer des séances complètes.
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Séance l : analyse de la semaine de l'élève (
temps scolaire, temps de transport, temps de travail personnel, temps de
loisir), il s'agit de se mettre d'accord avec l'élève sur un emploi du
temps personnel. |
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Séance 2 : l'élève expose comment il a
respecté ou non cet emploi du temps, précise les tâches accomplies
pour le travail personnel. Il s'agit d'optimiser cet emploi du temps pour la
semaine suivante et de le rendre réaliste. |
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Séance 3 : l'élève connaît à présent
l'essentiel du travail qui lui est demandé, la fréquence des devoirs, il
est possible de gérer le moyen terme. Un planning sur trois semaines est
élaboré avec lui. |
Au-delà il doit être possible de laisser l'élève se
débrouiller avant de lui fixer un rendez-vous trois semaines plus tard
pour évaluer la façon dont il a pu s'organiser. Un tel travail suppose une harmonisation
au sein de l'équipe pédagogique. Si nécessaire, plusieurs bilans peuvent
être prévus pendant l'année scolaire.
A4 - Aide à la
prise de notes
L'une des difficultés majeures rencontrées par l'élève de
seconde est son manque de maîtrise de la prise de notes. En effet, il s'agit
d'une activité qui varie fortement en fonction du contexte (prendre des
notes en classe ou prendre des notes pour préparer un dossier, un exposé) et
des disciplines. Certaines équipes pédagogiques entreprennent un
apprentissage transdisciplinaire de cette compétence, articulant les
activités de plusieurs disciplines en cours, en TP et en module. Quand ce
travail d'équipe n'est pas mené ou quand certains élèves ne maîtrisent pas
encore cette compétence, on peut envisager de parfaire les apprentissages
grâce à l'aide individualisée.
Le plan de travail pourra suivre la démarche suivante :
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Première séance : Prise de conscience de
ce qu'est la prise de notes : entretien entre l'élève et le
professeur pour faire émerger les représentations que se fait l'élève de
la prise de notes (éventuellement à partir d'une prise de notes
réalisée par l'élève en classe ou à la maison sur un document),
analyse de diverses situations où il doit prendre des notes, prise de
conscience de la variété des types de prise de notes, analyse des
compétences nécessaires pour prendre des notes, détermination en fonction
de ces compétences d'un programme de travail autour des besoins de
l'élève. La séance s'achève sur la détermination d'un projet dont la
réalisation fait appel à la prise de notes. |
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Séances suivantes : Étude de l'avancement du
projet, analyse des travaux de prise de notes, mise en place des
savoir-faire nécessaires à la prise de notes. Plusieurs séances
seront nécessaires, leur nombre aura été fixé avec l'élève; au terme
de la dernière séance d'aide, le projet sera en phase d'achèvement. Si
nécessaire, on pouvait ajouter une ou deux séances supplémentaires. |
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Communication à la classe du travail réalisé : exposé,
reproduction d'une fiche, exposition, l'élève explique comment il a
mené son travail de prise de notes. Il est amené à prendre du recul
vis-à-vis de sa démarche et se trouve valorisé aux yeux de ses camarades. |
A5 - Aide au projet
d'orientation
Au cours de l'année scolaire, certains élèves se retrouvent
"en marge" par rapport à leur projet d'orientation. À partir des
compétences à développer pour une première ES, L ou S, il pourra être
bénéfique d'établir un diagnostic de leurs difficultés et de recenser
leurs besoins. Cela pourra déboucher sur la contractualisation d'un plan
de travail personnalisé et adapté au projet d'orientation de l'élève qui
sera à mettre en œuvre dans le cadre de l'aide individualisée. "
B- Proposition d’activités disciplinaires.
B1 – Où activités transversales et interdisciplinaires se
rejoignent…
" Parmi les pratiques possibles : anticiper sur les
difficultés et les obstacles (culture, langue), construire du sens
autour des énoncés, différencier et discerner l'essentiel de
l'anecdotique, organiser son propos, aider celui qui éprouve des
difficultés à se relire, aider à passer du brouillon à la copie,
aider celui qui est dans l'incapacité d'un retour réflexif, etc. Il est
important à cet effet de saisir le sens de l'école, au-delà de ce qui est
exercice ou note. On recentrera donc l'aide individualisée sur les
objectifs généraux du lycée, qui vise la maîtrise des compétences. "
(Académie de Créteil)
" Il faut […]noter, [en français], des tentatives pour
construire l’aide individualisée autour d’un projet auquel chaque
membre apporte sa contribution. C’est le cas pour les activités liées à l’expression
écrite (écrire un récit, écrire des articles pour le journal du lycée,
écrire en vue d’une exposition, écrire pour échanger avec Internet), l’aide
individualisée s’apparentant ainsi plus ou moins à un atelier d’écriture,
ou à l’expression orale (oraliser des textes, défendre un point du
vue, jouer des sketches ou des jeux de rôles), l’aide individualisée s’apparentant
ainsi plus ou moins aux ateliers théâtre. " (Académie de Nice)
B2 – Des activités plus directement disciplinaires…
Voici quelques propositions d’activités :
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Partir d’une image, (bande dessinée,
photographie, tableau…). Faire participer tous les élèves du groupe
à partir de questions qui vont faire surgir, non pas un savoir à acquérir,
mais une interprétation partant d’une intelligence et une
sensibilité. Amener les élèves à confronter leurs réactions et prises de
position. On peut ainsi : favoriser la prise de parole, permettre
la mise en place, intuitive ou plus méthodique, d’outils d’analyse,
apprendre aux élèves à tirer parti de leurs interprétations, à respecter
l’autre tout en trouvant dans sa parole un enrichissement. La
deuxième partie de l’heure peut être consacrée à un compte rendu de ce
qui s’est dit, ou à imaginer la description d’une autre image,
complémentaire ou opposée à la précédente… ou encore : à faire
parler l’un des personnages de la photo, etc. |
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Mettre en relation deux élèves dans la perspective d’une
prestation orale devant la classe entière. (séquence proposée par
Jean-Luc Broutin - Lycée Condorcet – Lens). On propose un corpus de textes
et de documents sur un thème donné ; on demande à deux élèves, assez
dissemblables (qu’on espère complémentaires !) de se mettre d’accord
sur une synthèse possible (les idées qui leur semble les plus importantes).
Les séances suivantes sont consacrées à la schématisation, sous forme de prise
de notes, de la présentation orale qui aura lieu devant la
classe entière. Les élèves, préparés par leur professeur en AI, vont
se valoriser en réussissant cet exercice devant leurs camarades, alors qu’ils
étaient en échec jusqu’à présent. |
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Apprendre à organiser les idées dans une
argumentation : on peut partir de l’étude de la table des
matières d’un manuel ou d’une revue spécialisée. L’ensemble des
élèves remarque alors que l’on a hiérarchisé les informations, à partir
de grandes catégories, elles-mêmes subdivisées en catégories
secondaires… Variante de l’exercice : distribuer les titres de
chapitre d’un manuel dans le désordre, sans le titre des grandes parties
auxquelles ils se rattachent. Les élèves reconstituent le puzzle, chacun à
leur rythme ; les hésitations et les erreurs sont exploitées par le
professeur. On en arrive à définir des concepts, à abstraire à
partir de la définition concrète que donnent les entrées de chapitre. L’organisation
des idées est donc reliée étroitement au travail de la pensée.
Une autre séance peut être consacrée au travail inverse :
" Imaginez la table des matières du premier numéro dont vous
seriez le rédacteur en chef. " Indirectement, les élèves mettent
en œuvre les mêmes mécanismes d’esprit qui leur permettront de construire
leur future composition française. |
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Commentaire de la première page d’un roman ou d’une
pièce de théâtre.
Ce travail oral peut débloquer le groupe à
partir du commentaire d’une image. Les élèves sont amenés ensuite,
individuellement, à imaginer ce qu’il peut y avoir à l’intérieur, ce
que peut être l’histoire… On peut demander ensuite aux élèves d’imaginer
les premières lignes du début, et de comparer leurs résultats au roman
lui-même. Autre exercice : on donne le début, puis la fin du roman, et
on demande aux élèves d’imaginer ce qu’il y a entre les deux (j’ai
moi-même testé, avec succès, cet exercice avec le roman d’Inès Cagnati, Génie
la folle). Autre exercice, enfin, si cette
" série " romanesque marche bien, avec des élèves
" moyens " : chaque élève imagine un début de
roman, puis une fin, et lit ces deux textes, très courts, à ses camarades,
en leur demandant d’imaginer ce qu’il y a entre les deux. L’ensemble de
ces exercices permet de lier écrit, oral, activités d’écriture et de
lecture, sous la forme la plus ludique possible. Si les élèves sont
vraiment fâchés avec l’écrit, on peut procéder de la même manière avec
le début et la fin d’un film, en demandant aux élèves d’imaginer l’histoire… |
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Utiliser une BD comme point de départ d’une argumentation
(séquence proposée par Yolande Comptour, au lycée Simone Weil du
Puy-en-Velay, dont je me suis inspiré pour la présentation qui suit). L’image
se trouve dans Aide à l’évaluation, tome 1, p.24 (planche de
Dupuis). Les élèves, en groupe, sont amenés à définir les deux attitudes
parentales (autoritaire, ou laxiste), les deux milieux sociaux, le registre
utilisé et le genre (la caricature de portée satirique). On est ainsi amené
à distinguer : le point de vue des protagonistes et celui du
dessinateur, qui " surplombe " la scène. Par écrit, en
trois paragraphes, les élèves sont invités ensuite à présenter la scène
(texte de type descriptif), puis à présenter le point de vue de l’auteur
(commentaire de type explicatif, qui évite la paraphrase : " l’auteur
laisse entendre que… On le voit aux indices suivants… ").
Enfin, ils expriment eux-mêmes leur point de vue (texte de type
argumentatif). |
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Pour des élèves qui n’arriveraient pas à sortir de la
paraphrase,
Corinne Leenhardt propose une séquence en quatre temps
(brochure de l’Académie de Versailles, p.60). Les élèves d’aide
individualisée sont répartis en deux groupes : un groupe reste avec le
professeur pour une lecture analytique de " Nuit " d’Henri
Michaux, pendant que l’autre groupe, laissé en autonomie, enregistre les
réactions spontanées de ses membres, à partir du poème. 2) On écoute
ensuite la cassette et on confronte les propos librement échangés avec l’étude
méthodique qui a eu lieu sous la direction du professeur. Les élèves
constatent donc " que la lecture personnelle est riche et
incontournable, que des études rigoureuses permettraient d’aller plus
loin. " 3) Le groupe étudie ensuite des fragments de commentaire
composé d’élèves de la classe auxquels on a mêlé un corrigé du
professeur ; analyse et comparaison permettent de reconnaître : le
commentaire appuyé sur une étude des procédés, le développement spontané
détaché de toute analyse véritable, et la paraphrase. 4) Les différentes
étapes du commentaire sont définies, du simple repérage à l’interprétation,
en passant par la citation et la désignation des phénomènes. |
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Dans l’Académie de Clermont, on relève, à titre
indicatif, les activités suivantes qui ont été menées dans le cadre de
l’expérimentation des nouveaux programmes :
" - travaux à partir des productions des élèves et
des brouillons : on a privilégié les reprises d’exercices, la
correction individualisée des contrôles, la réécriture de passages, la
préparation de productions à venir.
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reprises de notions vues en classe entière et
insuffisamment maîtrisées en matière d’analyse des textes ou d’écriture
argumentative ; |
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exercices d’expression écrite (vocabulaire, orthographe,
grammaire) ; |
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exercices d’expression orale ; |
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travaux reposant sur la pédagogie du détour (atelier d’écriture,
enregistrement de textes lus ou appris…). " |
PROPOSITION D’UNE SEQUENCE D’AIDE INDIVIDUALISEE
Lycée Simone Weil, année 2000-01
Place dans l’année :
A la rentrée, immédiatement après les premiers tests d’évaluation.
Contexte :
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Une " bonne "
classe de seconde : le taux de réussite a été important dans les
tests d’évaluation. |
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Cette classe est composée de 31
élèves, dans lesquels : 9 latinistes, plusieurs élèves au profil
plutôt littéraire, mais la classe possède aussi un pôle scientifique
important (10 élèves sont inscrits à l’atelier scientifique). |
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Cette classe est cependant
hétérogène : plusieurs élèves ont des difficultés importantes
en lecture et en écriture. L’écart risque de se creuser lorsque nous
aborderons les textes argumentatifs, en liaison avec ce qui est censé être
acquis à l’issue de la classe de 3°. C’est dans cette optique que l’aide
individualisée va prendre tout son sens : éviter que ces élèves,
dont j’ai repéré rapidement les difficultés, n’aillent à la dérive. |
Objectifs de l’aide :
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Intervenir auprès des élèves
qui n’ont pas acquis les bases indispensables pour aborder la séquence 2,
consacrée à l’argumentation, que j’ai prévue pour la fin du mois d’octobre.
L’aide individualisée anticipera, pour les élèves concernés, les
difficultés à venir. |
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Etablir un climat de confiance
parmi le groupe concerné ; on dédramatisera les difficultés, on
réactivera au besoin les connaissances oubliées de la troisième… |
Au total, l’A. I. doit permettre
d’aborder le cours dans de meilleures conditions de réussite.
Durée de la séquence :
La période est prévue du
lundi 25-09 au vendredi 26-10, veille des vacances de la Toussaint, soit en tout
5 semaines.
Structure envisagée :
L’emploi du temps officiel s’avère
très peu satisfaisant : l’heure d’AI est placée en même temps que l’heure
de vie de classe… Je décide donc, en accord avec la direction de l’établissement,
de déplacer les plages horaires en face des options prises par les élèves, en
tenant compte des incompatibilités. Jusqu’à Toussaint, je crée deux groupes
dans la classe (4 + 3) la même semaine, en compensation des deux premières
semaines inutilisées et de la fin de l’année qui sera certainement
perturbée par les voyages…
C’est le travail de ce deuxième
groupe que l’on verra ici.
Constitution du groupe d’aide
individualisée :
Il a été guidé de deux
manières :
-
L’évaluation nationale,
une évaluation orale, et les premiers travaux écrits (un
devoir d’une quarantaine de lignes, et des questions de lecture) m’amènent
à repérer 7 élèves en difficulté sur le plan de l’expression (orale
et écrite ) ; ces élèves ont eu beaucoup de difficultés à produire
un texte argumentatif dans la deuxième partie de l’évaluation nationale.
-
L’entretien avec les élèves
concernés permet d’établir des lignes de convergence et de faire des
choix dans le contenu de la
séquence. Dans le cas des élèves faibles, les besoins sont immenses, et
on gagne à les resserrer autour de pôles d’acquisition précis. On peut,
également, procéder à des ajustements, investir des domaines auxquels on
n’aurait pas pensé (la lenteur à écrire, le cas des gauchers, des
dyslexiques, de ceux qui n’ont que très peu de temps pour faire leurs
devoirs, les " bloqués en orthographe " depuis l’école
primaire, etc.)
Je remplis la " fiche
professeur 1 : mise en route ", et l’élève concerné fait
de même en ce qui concerne la fiche-navette (cette fiche lui sera rendue au
début de chaque heure et à la fin de la séquence).
Déroulement de la séquence :
Le groupe est fédéré par un
besoin commun : la difficulté à
produire un texte argumentatif. Pour le reste, les personnalités et les
situations sont très diverses : des timides et des spontanés, des
" bons " en orthographe et des calamiteux, des
" lents " et des rapides, etc. Un autre point commun,
cependant, est la difficulté de s’exprimer à l’écrit, pierre d’achoppement
typique.
Le parti-pris que j’adopte est
celui de la diversité pédagogique au sein d’un objectif d’ensemble :
je proposerai des activités communes, mais en les aménageant de variations
individuelles, de façon à répondre aux besoins de chacun.
Séance 1 :
Objectif :
Cerner les problèmes, amener les élèves à désigner les mécanismes de
leurs échecs, tout en les dédramatisant. Il n’y a pas de fatalité !
Dominante :
Ecriture et relecture de soi.
Déroulement :
A partir des travaux déjà effectués (évaluation, devoir n°1, questions de
lecture…) les élèves sont amenés à corriger leurs erreurs, en comprenant
pourquoi. Je consacre un temps individuel à chaque élève, en répondant à
ses questions et en le guidant dans sa recherche. Au besoin, je peux la
compléter par un ou plusieurs exercices.
Séance 2 :
Objectif :
Retrouver, de manière active, le fonctionnement de l’argumentation. Exercer
son jugement critique à partir d’un texte d’autrui.
Dominante :
Ecriture d’invention et échange oral.
Déroulement : Exercice de type
" alpha-oméga ". Je donne la première et la dernière
phrase d’un texte de visée argumentative :
Début :
" Je vais souvent faire mes courses chez les petits
commerçants "
Fin :
" Voilà pourquoi je ne mets jamais les pieds dans les grandes
surfaces ".
Les élèves sont donc amenés à
(re)découvrir le cheminement du texte, en faisant comme Monsieur Jourdain…
Nul n’est besoin, en effet, de leur dire qu’ils sont en train de rédiger un
texte argumentatif.
Ils devront résoudre un certain
nombre de problèmes. Que faire de la phrase thème du début ? (Ils
doivent découvrir la nécessité d’une progression, du thème au propos).
Comment justifier la formule de conclusion ? (l’expression
" Voilà pourquoi " nécessite la présence d’arguments,
que résume la dernière phrase). Enfin, l’opposition implicite, entre les
petits commerçants et les grandes surfaces, suppose une prise de position du
locuteur, et la conscience d’un point de vue adverse ; les avantages d’une
forme de commerce s’alimentent des inconvénients de l’autre, et
inversement. Au résultat : le thème et la thèse, les arguments et les
liens de progression, une prise de position qui suppose également la
possibilité de son contraire… Les bases de l’argumentation sont jetées
La rédaction des élèves varie de
quelques lignes à la demi-page ; ils rédigent sur transparents, et je
circule parmi eux pour les amener à rectifier quelques fautes d’expression
les plus visibles, sans que cela perturbe leur travail de recherche (en fait,
surtout à la demande…)
La deuxième demi-heure est
consacrée à la retro projection des résultats. Le groupe est fatalement
amené à comparer les textes qui ont été les plus efficaces, et à retrouver
quelques fondements de l’argumentation (on écrit pour défendre une opinion,
il y a des arguments, des exemples, des liens logiques…). L’échange oral
occupe toute la deuxième partie de cette séance.
Séance 3 :
Objectif :
Ecrire une argumentation à partir d’une consigne. Lire un sujet et
apprendre à l’analyser.
Dominante :
Lecture d’une consigne et analyse d’un sujet, à partir d’un libellé.
Rechercher et classer des idées.
Déroulement :
Le sujet donné est le suivant : " Dans le journal du lycée,
vous rédigez un article dans lequel vous montrez les avantages de la pratique d’un
sport ou d’une activité artistique que vous aimez
particulièrement. "
Dans une première étape, il faut
distinguer ce qui, dans le libellé, engage le moi fictif de l’élève, à
partir de la situation d’énonciation (je = rédacteur de l’article) ;
on remarque le support (un journal lycéen suppose un certain public, avec ses
goûts, ses habitudes culturelles, peut-être aussi son langage, mais aussi son
sens du texte " bien écrit ") ; enfin, on définit la
visée argumentative (" pourquoi vais-je écrire ? ").
La deuxième étape amène l’élève
à s’organiser : choisir son thème (le basket, le reggae, le tennis, l’équitation…),
les arguments (en songeant, peut-être, déjà, à ce qui pourrait menacer
ceux-ci, en imaginant la réponse d’un interlocuteur…). Les vitesses d’exécution
sont très variables : Antoine en est, au bout de trois quarts d’heure,
à la rédaction. Les autres peinent pour regrouper les idées, reconnaître des
catégories, des liens et une hiérarchie…
Séance 4 :
Objectif :
Suite de la séance précédente.
Dominante :
Organiser des idées et rédiger.
Déroulement :
Il faut une séance supplémentaire
pour venir à bout de ce texte de 20 à 30 lignes au total, mais entre-temps la
séance a été transformée, en partie, par les élèves. Je dois répondre à
leur demande. En effet, deux jours plus tôt, j’avais demandé à la classe de
préparer des questions de lecture à partir d’un article de Télérama. Nous
revenons sur ce texte, dont le sens premier me paraissait facile. Il s’agit,
non pas de répondre aux questions données, bien entendu (l’aide
individualisée n’est pas une étude surveillée !) mais de donner les
moyen de pouvoir effectuer le travail demandé (élucider certains passages du
texte, savoir lire les questions posées et comprendre le sens des consignes…)
Séance 5 :
Objectif :
Prendre la parole, écouter autrui et intervenir dans un échange suivi.
Dominante :
Travail oral, à partir d’une prise de notes, puis débat avec prise de parole
spontanée.
Déroulement :
Les élèves ont résumé, en trois
lignes maximum (contrainte imposée), l’essentiel de leur article (travaillé
à l’écrit dans les séances 3 et 4). Nous imaginons maintenant que nous
sommes sur un plateau de télévision : je suis l’animateur de l’émission,
et j’ai la chance de recevoir de grands sportifs, de grands artistes, qui vont
présenter, de manière élogieuse, leur sport ou leur activité préférée.
Chacun intervient tour à tour. La suite de ce jeu de rôles est consacrée au
débat : on peut opposer au discours de l’autre un certain nombre de
remarques critiques concernant sa thèse, qu’il devra défendre. Cette
deuxième partie présente des difficultés pour les deux élèves les plus
timides. Antoine et Noémie, comme on pouvait s'y attendre, sont les plus à l’aise,
et cela fausse un peu le cours des choses, même si je fais tous mes efforts
pour faire participer tout le monde.
La deuxième partie de la séance,
qui devait être consacrée à la même activité, mais sous forme enregistrée,
n’aura pas lieu faute de la confiance suffisante de certains élèves.
BILAN
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Cette séquence d’aide
individualisée a porté ses fruits pour une part, puisque les élèves, au
moment du bilan, ont affirmé " avoir compris ce qu’est un texte
argumentatif ". Soyons plus modeste qu’eux : ils le
savaient déjà, mais les activités ont permis de réactiver un certain
nombre de connaissances… |
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Antoine et Noémie se sont
valorisés au sein du groupe, à partir d’interventions fréquentes à l’oral ;
ils ont été très actifs, parfois efficaces, à l’écrit. J’ai la
conviction que l’aide aura apporté à ces élèves la prise de confiance
en eux indispensable, en début d’année. |
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En revanche, Julie et Angélique
n’ont pas, ou très peu, progressé. Certes, les exercices écrits ont
été faits, mais sans cette conviction qui emporte l’adhésion
intellectuelle et permet les véritables réinvestissements. Les besoins de
ces deux élèves étaient importants dans tous les domaines, et le fil
directeur de la séquence, l’argumentation, était une approche trop
directive en ce qui les concerne ; il aurait fallu prendre les choses
de plus loin, notamment dans le domaine de la lecture, quitte à laisser
totalement de côté la perspective du groupe-classe, pour ne se consacrer
qu’à leur situation individuelle... |
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